8 MARS 2020
« I am every woman, it’s all in me… » chantait Whitney Houston.

Dimanche 8 mars : WOMEN’S DAY ! Let’s go girls !!!
Je suis honorée de me tenir parmi la grande et belle assemblée des femmes à travers le monde et de répéter encore et encore que vous êtes merveilleuses, créatives, belles, uniques et tendres.
Quand j’observe la lutte des Suffragettes au début du siècle dernier, je note une vérité :
Les femmes sont capables d’unité et de fraternité à toute épreuve.
Plus elles sont malmenées, ignorées et rabaissées, plus elles se serrent les coudes et crient à la liberté. Nous qui avons été privées si longtemps de nom, d’identité propre, de respect et de voix, nous courons sans réfléchir au secours de ceux qui sont menacés, affaiblis et blessés.

J’ai comparé cette cohésion féminine presque tacite à celle des hommes qui se rassemblent pour défendre une quelconque cause. La fraternité et la tempérance sont si fragiles parmi les hommes ! Dès que l’opposition frappe, eux qui avaient autrefois prêté allégeance finissent pas se détourner du noble but au profit d’intérêts personnels. On montre les poings, on se brouille, on trahit et le rêve est anéanti.

La femme possède ce don inné de comprendre autrui, car elle est autant elle-même que les autres. Elle est une mère avant même d’enfanter par cette intuition admirable qui la pousse à « capter » les émotions et l’histoire des autres femmes et à les intégrer à son propre système émotionnel. L’espace de quelques instants, de quelques heures, la femme a « tout en elle » de sa voisine et c’est ainsi qu’elle peut lui donner des conseils, des larmes, de la compassion, bref de quoi rassasier son âme brisée.
Que serait le monde sans cette sensibilité féminine ?
Je la conçois comme un Sixième Sens à part entière, le cœur qui fait battre l’univers, tourner les cycles de la vie, éclore le nouvel humain et fonctionner Mère Nature…
Aujourd’hui, je célèbre ce Sixième Sens que le monde moderne est en train d’étouffer dans l’égalitarisme forcené et la confusion des genres. Je crains que nous femmes du XXIe siècle livrions le mauvais combat jusqu’à tuer ce Sixième Sens qui régule toute la Création depuis les origines. Que se passera-t-il ensuite ? Où irons vivre nos filles ?

I. À NOS FILLES
Je vous vois tous les jours, je travaille avec vous et pour vous et je crois en vous plus que jamais. Vous avez la chance de pouvoir développer votre intellect, vos dons et vos capacités au service de l’humanité. Cette formation est nécessaire pour que vous fassiez le tri dans les traditions de vos mères, gardiez ce qui est sain et bon pour votre vie de femme et délaissiez ce qui est dégradant, rabaissant et stérile.

Les « grands penseurs » d’aujourd’hui veulent vous faire croire que tout ce qui appartient au passé est périmé, obsolète et honteux. Ne les laissez pas vous forcer à couper les ponts avec vos mères ! Vous avez besoin et vos filles auront besoin de la sagesse des femmes du passé pour ne pas se perdre dans les pièges de la philosophie moderne.
On veut vous faire croire que le corps de la femme est tout pour l’homme et que rien d’autre ne compte. On vous insuffle la haine de vous-mêmes au moment où vous vous transformez en femmes ; on vous coupe de votre essence, la véritable fémininité dont vos mères avaient le secret.

Mes filles, n’acceptez pas de vous voir comme un objet de consommation et rien d’autre. Ne donnez pas votre corps pour être validées par les hommes. Ne vendez pas votre corps sur les réseaux sociaux. C’est un marché pervers qui vous détruira. Personne ne parle de cette prostitution moderne : la pédo-pornographie. Elle empoisonnera votre vie adulte lentement mais sûrement. Elle vous empêchera de connaître le grand amour.
Visez l’excellence, l’intelligence, la compétence. La véritable beauté, c’est celle qui façonne le corps de l’intérieur, telle une flamme continue qui irradie l’esprit, pénètre la chair et s’échappe par les yeux.
Audrey Hepburn l’a bien dit :

II. À NOS FEMMES
Vous vous êtes magistralement saisies de cette liberté chérie qu’on avait si longtemps refusée à vos mères et vous en avez fait du rêve, de la création, de la sécurité matérielle, de l’indépendance, de la force brute.

Tout le monde s’accorde à dire que vous étudiez longtemps et plus brillamment que vos frères. Vous savez très vite ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas et vous le dites haut et fort. On n’a jamais eu autant besoin de vos voix sincères et justes qui font avancer l’égalité et le respect de vos sœurs.
Votre intérieur est un havre de paix, car vous savez être organisées, efficaces, équilibrées. Vous avez les idées claires, le courage qui ne faiblit pas, l’élégance qui conduit la civilisation vers l’excellence et le dévouement qui vous dédouble et démultiplie à l’infini en psychologue, cuisinière, bricoleuse, femme d’affaire, voyageuse intrépide, éducatrice, infirmière, artiste, etc.

Prudence cependant ! Le monde moderne vous fait croire que la reconnaissance s’arrache à coup de biceps, de dureté et de testosterone. Vous avez fini par croire qu’il faut être un gros dur, un mec à part entière, un Iron Man sans faille, sans larme et sans peur pour être respectées et considérées. Vous avez tendance à prendre les commandes dans le boulot et dans le foyer et votre homme s’est enfui à toute jambe (sauf si c’est un faiblard qui compte sur votre côté « bonhomme » fort prononcé pour finir son éducation, voire lui donner la tété).
Certes, votre carrière bat son plein, mais votre vie amoureuse est un désastre amer et douloureux qui mouille vos oreillers en soie chaque nuit. On vous a convaincues que vous deviez garder le contrôle et les hommes à distance pour ne pas descendre sous le top 5 du classement « working-wonder women ». Les hommes forts et fiables ne peuvent rien pour vous et n’ont aucune place dans votre vie et vous n’y comprenez rien, surtout quand vous les voyez se tourner vers ces « autres » pommées, médiocres qui ne peuvent pas ouvrir un pot de confiture sans crier « Help ! ».
« Women, they have minds, and they have souls, as well as just hearts. And they’ve got ambition, and they’ve got talent, as well as just beauty. I’m so sick of people saying that love is just all a woman is fit for. I’m so sick of it ! But I’m so lonely ! »
Little Women (2019)

Ne cherchez pas à devenir un « bonhomme », un vrai ! Qui vous le demande ? Qui veut d’un mec égoïste, égocentrique et vulgaire en plus ? Personne. Votre course à la reconnaissance pourrait bien vous coûter votre Sixième Sens si précieux. Nous femmes avons besoin des hommes pour créer la vie et changer le monde et ils n’ont pas besoin de notre mépris et de nos exigences irraisonnables.
Si nous souhaitons retrouver un équilibre des genres dans notre société et sauver nos familles, commençons par cesser de nous travestir en ce que nous ne sommes pas, stoppons la guerre des sexes qui a trop souvent un goût de revanche et cessons de mesurer la réussite à la possession et à la domination au détriment de l’Être.
III. À NOS MÈRES
Vous avez tendance à vous taire par honte. Honte des choix courageux et désintéressés que vous avez faits et que la société a labellisés : « sans travail, sans statut, sans accomplissements ».
Vous pensez que votre temps est dépassé et que votre sagesse a un goût rance.
Vous admirez vos filles, les « working girls » stimulées par la compétitivité du monde moderne et constatez dans le silence de votre nid vide que vous n’avez peut-être rien fait de bien toutes ces années de couches, de repas brûlés, de taxi scolaire, de nettoyages javellisés…

Cet éternel recommencement a cassé vos ongles roses de jeune fille, refermé les rêves dans la vieille malle du grenier et ôté le sel de votre amour romanesque d’antan. Aujourd’hui, assises à la façon de Mathilde Loisel, le regard perdu dans l’aujourd’hui morose et l’hier éreintant vous cherchez un sens à tout cela.
Vous vous sentez inutiles et remisées comme une pièce de collection rangée avant l’heure, et peut-être vidées de ne toujours pas savoir qui vous êtes, ce que vous aimez faire et n’aimez pas, les dons que vous possédez, si vous avez bien fait et assez fait pour vos filles, si les erreurs seront pardonnées, si vous êtes suffisantes, si vous êtes aimées par votre mari qui n’a pas appris à dire ces choses.
Vous pensez beaucoup, trop et longtemps dans votre maison vide et vous ne trouvez pas les réponses qui réchaufferaient votre âme et vous rassureraient enfin. Projetées dans la vie matrimoniale avant même de savoir ce que signifiait « être femme », vous avez remis vos peines, vos attentes et vos interrogations à plus tard, année après année, et aujourd’hui elles explosent dans votre cerveau. C’est le feu d’artifice de la jeune fille dans le corps de la femme fatiguée, une association improbable !

Laissez-moi vous dire, chères mères :
Vous avez bien fait, toujours bien fait et personne ne viendra vous dire le contraire. Vous avez été et fait assez pour les autres, il est temps de penser à VOUS. Oui, vous m’avez bien entendue : « à VOUS ! Et à personne d’autre… »
J’ai un secret à vous confier : plus vous serez heureuses, plus vous vivrez en vous-mêmes et par vous-mêmes, plus vos filles reviendront vers vous avec leurs questions de femmes. Elles auront besoin de votre paix de mères pour y puiser le Sixième Sens que le monde leur refuse.

Ne méprisez pas d’avoir été les « sans…quelque chose » aux yeux des hommes aveugles. Toutes ces années n’ont pas été vaines, vous avez trouvé le Sixième Sens sur lequel repose le monde, le cœur de l’humanité et il est en train de s’éteindre. À toutes les questions qui tourbillonnent dans votre tête et que votre compagnon de tant d’années est incapable de lire derrière les larmes de la vieillesse, l’Univers si bon et si aimant a une réponse à offrir. Mais il faut marcher longtemps et dans le silence des marées pour entendre ces réponses cachées.
Je crois que ce murmure de Dieu repose dans les coquillages vides que les gens pressés écrasent sous leurs pieds. Je crois qu’il faut retourner à la source, chères mères, pour sortir de votre cœur las le Sixième Sens des femmes. Vous l’avez porté en vous toutes ces années et vous l’avez ignoré…

IV. À VOUS TOUTES
Le 8 mars touche à sa fin, le temps presse, il faut conclure.
Récemment, j’ai compris qu’être femme ne se mesure pas à ce que nous portons, à ce que nous possédons, à ceux que nous attirons et à ce qu’on dit de nous. Être femme, c’est avant tout « ÊTRE », trouver sa place dans le cosmos, reconnaître son Sixième Sens et l’utiliser pour bénir le monde.

J’ai fondamentalement besoin de la sagesse et de l’amour des Mères pour nourrir ma sagesse et mon amour et les transmettre à mes Filles. Vous me direz que je ne suis pas mère. Non, c’est vrai, je ne le suis pas au sens propre. Je n’ai pas encore donné la vie et je ne peux que difficilement comprendre cette expérience prodigieuse.
Mais je suis Mère, par ce Sixième Sens dont on m’a dotée avant même de naître. Enfant, j’étais mère à l’école quand j’allais systématiquement écouter ceux qui étaient rejetés et terriblement seuls ; adolescente, j’étais mère au lycée quand je refusais de rire à des plaisanteries dégradant la femme et sa sexualité ; jeune adulte, j’étais mère à l’université quand je dévorais les œuvres écrites par des femmes et répétais haut et fort que les femmes avaient besoin de leur « chambre à soi » pour écrire et créer ; adulte, je suis mère partout où je vais, chaque fois que je répète à mes nièces et aux adolescentes que leur voix est unique et indispensable, aux femmes que leur corps n’est pas un objet de consommation, que la liberté sexuelle n’est pas une liberté, mais un asservissement et que le Sixième Sens de la femme n’est pas à troquer contre un plat de lentilles aussi appétissant soit-il…

Je suis mère chaque fois que j’écris, car créer, c’est laisser la vie nous traverser.
LISE
« Your children don’t have to come from you. They go through you. »
Collateral Beauty (2016)

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