
Alors que je me promenais dans un jardin à Rome, j’ai été fascinée par un olivier qui se tenait avec beaucoup de dignité au centre d’une petite cour pavée.
J’ai observé son tronc noueux : chaque ligne de vie était enlacée dans une autre et puis poursuivait sa route jusqu’à la terre qui la nourrit.
Savez-vous que le plus vieil olivier est sur terre depuis 3000 ans ?
En marchant autour de cet olivier, j’ai eu l’impression de voir un double de moi-même. Parfois, je crois porter en moi des siècles de vies humaines. Je me sens traversée par toutes ces existences muettes qui ont rendu possible la mienne.
Je suis cet olivier debout sur ce très vieux tronc de générations passées dont les veines s’entremêlent à l’infini et vont puiser dans la terre l’eau nécessaire à ma survie.
Si je parviens à faire naître le silence en moi, je peux entendre toutes ces voix du passé et je comprends alors que mon très vieux tronc vibre, s’émeut et s’attendrit.
En période de sécheresse, les feuilles de l’olivier se recroquevillent pour retenir autant d’eau que possible. Cette eau nourrira les racines pendant plusieurs semaines.
Ces feuilles ovales me fascinent…
Elles sont si fines, si parfaites, si épaisses, si solennelles. Beaucoup y voient le symbole de l’éternité.

Un jour, je parcourais le cimetière où est enterré mon grand-père maternel.
Bien sûr, il me manquait, bien sûr ce vide me pesait.
Mais ces sentiments ont laissé place à la certitude que je devais rétracter mes feuilles pour un temps afin de retenir l’eau dont il avait besoin pour traverser calmement la vallée de la mort.
Nous avions besoin l’un de l’autre et je savais que dans mes temps de sécheresse, il ferait remonter la sève de la délivrance jusqu’à ce qu’une pluie rafraîchissante tombe du ciel.

L’olivier est un microcosme de vie.
Les Anciens l’appelaient l’arbre des dieux.
S’il possède un cycle aussi parfait, ne pouvons-nous penser que l’être humain a été créé avec une matrice tout aussi stupéfiante ?
Rappelez-vous que vous êtes nourris et soutenus par plus de vies minuscules que vous ne pouvez l’imaginer.
Dites-vous que vous avez plus de 3000 ans à vivre.
Photos de Rome et de Colleville-sur-Mer : Copyright@LisePaty